L’effort des Femmes (et des Baumoises) dans l’armée de la Libération

Une affiche de recrutement de 1944

En 1944, cette affiche a été largement diffusée pour inciter les femmes à s’engager dans le Corps Féminin des Transmissions, rattaché à l’Armée de Terre. Cette affiche, typique de la propagande de l’époque, mettait en avant des images de femmes en uniforme. Le message était clair : les femmes étaient nécessaires pour soutenir les opérations militaires et contribuer à la victoire. Les services de transmission étaient cruciaux pour la coordination des troupes et la transmission des informations, et les femmes y ont joué un rôle vital.

C’est dès sa création en 1942 que ce corps d’armée utilise l’affichage réalisant la toute première campagne de recrutement de personnel féminin. Dans un contexte de pénurie de combattants pour l’armée française et pour soutenir de très nombreuses batailles, le recrutement de femmes jusqu’à la libération ne s’arrêtera pas.

L’engagement féminin dans les forces alliées

Les femmes ont joué un rôle essentiel dans les efforts de guerre, souvent relégué au second plan dans les récits historiques. Le document « Les formations féminines des armées alliées AFAT » met en lumière leur contribution. Par exemple, Jeanne Durpoix, professeur de mathématiques au CES de Baume-les-Dames, a servi dans les A.F.A.T. et a été honorée pour son dévouement. Les A.F.A.T., ou Auxiliaires féminines de l’Armée de terre, étaient des unités féminines qui ont soutenu les opérations militaires de diverses manières, allant des transmissions à la logistique, en passant par les soins médicaux.

Le 13 mai 1945, sous un ciel printanier, une foule dense se rassemble sur les Champs-Elysées pour assister à un défilé historique. Ce jour-là, ce ne sont pas seulement les soldats masculins qui sont honorés, mais aussi les femmes qui ont servi dans les armées de terre, de mer et de l’air. Les W.A.C.S. (Women’s Army Corps) américaines, les A.T.S. (Auxiliary Territorial Service) britanniques, et les A.F.A.T. françaises ont défilé devant une tribune garnie de dignitaires militaires et civils. Les A.F.A.T., conduites par le lieutenant de Hanington, ont défilé en rangs serrés, leur fanion portant l’épée de Jeanne d’Arc flottant au vent. Ce défilé a été un moment emblématique qui a marqué les esprits et et reconnu publiquement l’importance des femmes dans l’effort de guerre.

L’affiche de 1944 et le récit du défilé de 1945 sont extraits des fascicules n°38 et 40 de la revue Mon Vieux Baume. Ces bulletins au nombre de 42 ont été réalisés par l’association Sauvons le vieux Baume entre 1984 et 1996. Ils sont consultables parmi les archives conservées à la médiathèque de Baume les Dames.

Retranscription du document

1945 Les formations féminines des armées alliées

Le 13 mai 1945, par un temps très doux, avec une brise légère qui fait frissonner les arbres, la foule se presse aux Champs-Elysées, derrière un service d’ordre très important. La tribune, petite et garnie de tenture rouges, se trouve dans la belle avenue, devant le cinéma des troupes alliées.

Des personnalités y arrivent les unes après les autres ; Général Koenig, en voiture découverte; Général Revers; lieutenant-général anglais sir O’Gale au képi bordé de rouge; Général Ralph Smith, attaché à l’ambassade américaine; brigadier-général Rogers, de la Seine section; lieutenant-colonel Katherine Goodwin, directrice des wacs à Washington; lieutenant-colonel Dameleon, chef des infirmières; Mme Antony Eden, représentant le club Grand-Hôtel; le senior commander Brechnoch représentant les A.T.S. ; le lieutenant Vaunier représentant les Canadiennes; miss Marion Holl, représentant la Croix-Rouge américaine; capitaine Branery, chef des femmes française dans la marine; commandant Dumesnil, inspecteur des « Filles de l’Air »; capitaine Mary Moynahan, commandeur du Wac Bataillon au Q.G; Voilà le Général Lee du Com. Z; le lieutenant-colonel Anna.W. Wilson, chef de toutes les wacs en Europe, petite, jeune, avec des cheveux tout gris et bouclés. L’amiral Kirk arrive.

Les photographes mitraillent la tribune. La musique commence à se faire entendre au loin.

Les musiciens américains de ce défilé sont tous des hommes, vêtus de gris, bleu, avec un superbe tambour-major en tête. Le drapeau américain les suit et les W.A.C.S. passent calmement par six, d’un pas souple et silencieux, toutes en kaki avec leur écharpe et leurs gants jaunes. Puis c’est la musique de 317e A.S.T. Band Com.Z. Des fanions jaunes, oranges ou rouges se baissent en passant devant la tribune et voilà six filles : une Américaine, une Anglaise, une Française et une Canadienne, portant leur drapeau respectif et encadrée par une R.A.F. et une H.M.S.

Et ce sont les A.T.S. les Anglaises qui marchent, elles, au pas de parade et les filles gris-bleu de la Royal Air Force.

Enfin, la musique de la garde républicaine, plus belle que jamais, précède « nos » filles de l’A.F.A.T qui défilent admirablement bien, en rangs serrés, conduites avec beaucoup d’allure par le lieutenant de Hanington que je reconnais à sa crâne et si élégante manière de saluer. Leur fanion avec l’épée de Jeanne d’Arc, celui des volontaires françaises, que le commandant Terré avait reçu à Londres, flotte au vent. Elles sont en chemise, jupe et bas kaki, plus militaires que leur compagnes. Ces rangs serrés, m’ont fait l’impression d’une volonté têtue en marche vers l’avenir… Les filles de la Marine sont en bleu foncé, les officiers en tricorne et bas noirs, mes matelots avec le béret réglementaire. Et les filles de l’Air ferment la marche.

Une toute petite tribune est placée devant les Tuileries. A gauche arrive la musique américaine. Les gardes républicains s’avancent par la droite. Le général Lee et le major Anna W. Wilson arrivent et prennent place face à une demi-douzaine de micros. Le major prononce son discours, souriant, tranquille. Puis c’est le tour du général Lee. Les filles écoutent, au repos, mains derrière le dos. Un ordre bref et elles se mettent au garde-à-vous et saluent le lieutenant général O’Gale. Après leur avoir parlé, il s’adresse dans notre langue aux Françaises à qui, il rend hommage, par de très belles paroles. La cérémonie est terminée. W.A.C.S., A.T.S., et A.F.A.T., en bon ordre, s’en vont pour se disloquer un peu plus loin, pendant que les musiciens gris-bleu, soufflent éperdument, dans leur énorme contrebasse une marche aussi joyeuse que le pas de ces filles.

Lily Guetta.

Journal des Combattants français : PATRIE MERCREDI 16 mai 1945.

Nous rendons aussi hommage à toutes ces filles qui se sont engagées dans les armées de terre, de mer, des airs et qui ont fait leur devoir, au péril de leur vie, pour que la France vive.

A Jeanne Durpoix, professeur de mathématiques au CES de Baume-les-Dames, qui fut A.F.A.T : Honneur.

Simone Simon-Ravey

[Légende de la photo :] Les A. F. A. T. passent sur les Champs-Elysées.