Extrait de L’Histoire du Corps des Sapeurs Pompiers de Baume les Dames
En septembre 1944, lors des combats pour la libération de la ville, plus de 50 immeubles furent totalement détruits, près de 600 subirent des dégâts plus ou moins importants.
Le matériel roulant en service au corps à cette époque se limitait à une seule motopompe THIRION
60 m3/heure tractée par une camionnette SCHNEIDER réquisitionnée par les troupes d’occupation lors de leur repli vers le Rhin.
Une grande partie du parc de tuyaux de refoulement ne trouve pas grâce sous les chenilles des chars allemands où les éclats des milliers d’obus s’abattant sur la ville pendant quatre jours.
L’effectif du corps aussi était limité, de nombreux Sapeurs-Pompiers ayant rejoint le maquis, d’autres étant incarcérés dans les prisons allemandes ou dans les camps de représailles.
L’année 1944 peut, à tous égards, être considérée comme une des plus dures que le corps de Sapeurs- Pompiers ait connue depuis sa création tant par le nombre et l’importance des interventions qu’il eut à faire face que par le comportement des sapeurs vivant dans la clandestinité.
Les faits les plus marquants de cette époque ont débuté avec les combats engagés par les F.F.I. et les troupes de la Première Armée Française, pour la libération de BAUME LES DAMES, entre le 6 et le 9 septembre 1944. Le détachement de Sapeurs-Pompiers sur la brèche depuis le 5 septembre 1944 au matin, méprise constamment le danger pour sauver les biens des habitants soumis à des bombardements continus. Ces derniers causèrent de nombreux incendies, indépendamment de ceux provoqués volontairement par les troupes allemandes occupant la ville, après le repli momentané des forces françaises, sur la rive gauche du Doubs.
Plus de matériel, plus de tuyaux, plus d’eau dans les canalisations détruites par les explosions des obus, il ne restait d’autre solution aux sapeurs que de faire la part du feu sur les toits, en utilisant la hache et la scie pour couper les charpentes et tenter de réduire l’ampleur des dégâts. Ils réussirent dans leur mission mais au prix de pertes en vie humaine. En effet, combattant l’incendie qui, place de la Loi, devait détruire le quartier des Arcades le 8 septembre 1944, vers 17h30, quelques heures avant l’arrivée des troupes américaines venant de BESANÇON, plusieurs Sapeurs-Pompiers furent blessés en service commandé par l’éclatement d’un obus de fort calibre.
Le sapeur auxiliaire Pierre REGAD fut tué sur le coup. Marcel COEURDEVEY, blessé grièvement, a dû être amputé d’une partie de la jambe droite. Sergent FOURRIER, les sapeurs auxiliaires REGAD Paul et GRAMMONT Charles de même que le Sapeur DUCHENE André, pour leur part, reçurent de nombreux éclats ainsi que le Lieutenant RAYNAUD, chef de détachement, légèrement blessé au visage.
BAUME-LES-DAMES libérée dans les premières heures 9 septembre, les troupes allemandes se replièrent en direction de l’ISLE SUR LE DOUBS et MONTBÉLIARD. La population comptant ses morts, plus de 50 et de nombreuses pertes matérielles, retrouva enfin le calme, mais d’autres événements liés au stationnement d’unités militaires dans la région allèrent encore causer d’autres émotions aux baumois.
Le 26 octobre 1944, en soirée, un incendie se déclare dans le hall de la petite vitesse, à la gare de BAUME LES DAMES. La sirène n’étant pas encore rétablie, les Sapeurs-Pompiers seront alertés individuellement pour ne pas créer de nouvelles paniques ; c’est pourquoi les secours n’interviendront qu’avec un certain retard. L’incendie concerne un dépôt de munitions que les Sapeurs-Pompiers réussiront à préserver.
Un stock de planches, de bois d’œuvre et parquet sera seulement détruit ainsi qu’une partie de la toiture du bâtiment. Deux cent vingt mètres de tuyaux de refoulement seront utilisés.
Le 9 novembre 1944, nouvelle alerte en provenance de la gare de BAUME LES DAMES où un incendie ravage un train de munitions. Le détachement de Sapeurs-Pompiers commandé par le Lieutenant RAYNAUD intervient à 21h15. Le feu prit naissance dans un wagon d’explosifs. Les autres voitures du convoi sont encore reliées entre elles. Une autre rame avec un chargement identique est stationnée dangereusement sur une voie de garage voisine. Les risques d’une destruction de la ville sont énormes et une partie de la population est évacuée. C’est la panique.
Le piquet militaire cantonné à la gare procède aussitôt au désaccouplement des wagons de tête et au déchargement des munitions, pendant que les sapeurs mettent plusieurs lances en manœuvre. Il faudra quatre heures d’effort pour circonscrire le sinistre, un des plus graves par conséquence dans l’histoire de la Cité de Sainte Odile, lorsqu’on saura que les flammes léchaient déjà des wagons remplis de mines.
On ne déplora aucun blessé mais le matériel du service incendie fut encore fortement endommagé.
Six cents mètres de tuyaux furent utilisés durant cette opération.
Le 6 février 1945, les Sapeurs-Pompiers interviennent également pour un feu survenu dans un dépôt d’essence de l’armée situé place du Breuil. Le détachement est commandé par le Capitaine PILOT.
Cent vingt mètres de tuyaux de refoulement seront utilisés. L’essence fournit une inhalation très propice au feu. Deux extincteurs permirent de stopper temporairement la propagation du sinistre sur quelques nourrices de carburant pendant qu’une petite lance éteignait les véhicules militaires enflammés.
L’intervention des Sapeurs-Pompiers permit de limiter le feu et d’éviter la propagation aux immeubles voisins tout en protégeant les véhicules militaires garés à côté d’un second dépôt d’essence.
Au cours de cette opération, le sapeur BARDI Loris, arrivé avec le premier détachement, sera grièvement brûlé au visage et aux mains par l’explosion d’une nourrice.
Trois ans plus tard, le 15 juillet 1948, le ministre de l’Intérieur décernait, à titre collectif, au corps de Sapeurs-pompiers de BAUME LES DAMES, une médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement accompli en période de guerre avec la citation suivante :
« Du 5 au 9 Septembre 1944, de jour comme de nuit, sous le feu de l’ennemi, a combattu les incendies qui faisaient rage dans la ville ; 54 immeubles ont été détruits, mais plusieurs quartiers qui auraient été la proie des flammes ont été sauvés grâce au courage, sang froid et dévouement du corps de Sapeurs-Pompiers »
Ce texte et ces images sont extraits du Livret d’Histoires & de Mémoires 1944 – 2024 édité pour les 80 ans de la libération de Baume les Dames. Vous pouvez en retrouver une copie imprimée à la Médiathèque Jean Grosjean ou bien une copie numérique en suivant le lien ci-dessous