Le document suivant, extrait du fascicule n°38 de la revue Mon Vieux Baume de juillet 1994, contient le récit d’une opération réalisée par les FFI de Baume, suivi du Chant des Partisans.
Retranscription
Au temps du maquis. Août 1944. Baume-les-Dames .
« Une récupération audacieuse » appelée par les Maquisards baumois : « Le coup des motos »
« La ville de Baume-les-Dames était occupée par un important détachement de l’armée allemande, alors que notre maquis était installé à quelques kilomètre sur la colline de Babre dominant la ville et la vallée du Doubs.
Nous avons appris que 28 motocyclettes Terrot neuves étaient entreposées à la Caserne des Gardes Mobiles (Caserne Biesse, du nom du Baumois Général Biesse, le plus jeune général de France en 1918). Ces motos sont à La disposition d’un peloton d’Allemands équipés pour faire la chasse aux troupes de la Résistance.
Les informations officielles et autres, laissant espérer une prochaine libération, nous souhaitons avoir des moyens de transport tout en privant les Allemands de ces motos dirigées contre nous.
Après une réunion de l’état-Major et de nombreuses conservations sur les dangers d’une telle opération, notre chel le Capitaine Besançon prend la décision suivante : s’emparer des motos.
Le 23 août 1944, à 21 heures un groupe part en reconnaissance à Baume, avec le gendarme Briot. Ils reviennent vers 5 heures du matin après une expédition sans résultat. Ce jour la radio annonce la libération de Paris. Sens est dépassé, Grenoble libéré.
Le jeudi 24 août 1944, à 21 heures, un détachement de la compagnie sous les ordres de l’Aspirant Barberot Jean est chargé de pénétrer dans la ville par Les promenades du Breuil afin de récupérer les motos entreposées à la caserne Biesse. Les détails de l’expédition étant mis au point et les volontaires nombreux, il appartient au responsable de choisir les hommes les plus dynamiques et de désigner 2 chauffeurs de camions qui devaient se procurer des véhicules poids lourds auprès de propriétaires acquis à notre cause. » Les camions appartenaient à M.M. Emile Renaud et Adolphe Simon de Val-de-Gusance. Les chauffeurs, faisant partie du Maquis étaient leurs fils ; Paul Renaud et Paul Simon. « Grâce a une forte autorité et à la discipline observée par tous, cette manœuvre audacieuse s’est déroulée point par point;
Les motos furent poussées une à une vers les deux camions et chargées sans attirer l’attention de l’ennemi. Les camions mis en route sans problème se dirigent vers le pont sur le Doubs, pont provisoire et très bruyant par son platelage, pont ayant remplacé l’ancien pont de pierre à sept piles détruit par la guerre. Il fallait aborder le pont par un virage serré à angle droit ». Les camions de l’époque fonctionnaient au gaz fourni par la distillation de bois. C’était les fameux gazogènes plus couramment appelés « les gazos », au moteur très capricieux.
Le premier camion Renau passe. Le deuxième camion Simon tombe en panne. « Le premier essaie de prendre le deuxième en remorque. Mais le bruit anormal au milieu de la nuit à attiré l’attention des Allemands qui arrivent an nombre de quatre d’abord vers le pont et ouvrent un feu nourri en direction des camions:*
C’est le sauve-qui-peut ! Le premier camion traverse le pont sans dommage et remonte au Maquis avec la moitié des motos. (14)
A l’arrière du deuxième camion, Albert Rognon, chauffeur chez Adolphe Simon, muni d’un fusil mitrailleur, arrose les Allemands pour couvrir la retraite de ceux du camion que se sauvent le long du Doubs et grimpent dans les champs et les bois avant le moulin Vermoret, suivant Joseph Pautot de la Plainefin qui connaît la campagne comme sa poche. Ils iront ainsi jusqu’à Luxiol où ils seront accueillis chez les Dormois par Raymond Dormois et Lovis Macherey, qui se cachent là, attendant l’ordre de rejoindre Babre. Le groupe passe la journée à Luxiol et redescend de nuit sur les bords du Doubs qu’il traverse en barque pour arriver vers minuit au maquis où l’on se pose des questions sur leur sort. Quant à Albert Rognon, il ne les a pas suivis et à traversé de justesse le pont avec son F.M. D’autres Allemands arrivés en renfort lancèrent des fusées éclairantes et confisquèrent le deuxième camion et la deuxième moitié des motos. « Cette opération vue avec recul peut paraître sans risques, mais ceux qui l’ont vécue se souviennent des heures douloureuses vécues par les acteurs et les autres camarades restés en dehors de l’action et aussi de la joie ressentie après, pour ce camouflet donné à l’occupant.
Je me permets de féliciter encore tous les F.F.I. Baumois pour le courage dont ils ont fait preuve notamment dans cette action et les invite à s’en souvenir toujours, en restant vigilants avec nous au sein de nos Amicales et de la Fédération. Vive la France. » (Les parties entre guillemets sont de René Humbert adjoint du capitaine Besançon au Maquis de Baume.
Les détails du récit sont dus à Albert Rognon, qui s’engagea ensuite à « Rhône et Danube »
Il leur fallut de l’audace, beaucoup d’audace … « Le coup » aurait pu réussir dans sa totalité … mais s’ils avaient retraversé le pont il y aurait eu des morts … peut-être certains seraient restés sous les balles ennemies.
Nous leur rendons hommage à tous, dont beaucoup manquent aujourd’hui.
Nous connaissons quelques noms de ceux qui ont pris part à cet exploit, ce sont :
Jean Barberot – Emille Boillot Jean Cordier – Albert Laurent – Roger Muhr – Joseph Pautot – Paul Renaud Albert Rognon – Paul Simon –
Si vous connaissez d’autres noms, faites-nous le savoir. Merci.
Travaux : Simone Simon-Ravey
Ceux des Maquis. ‘Chant des Partisans »
Ami, entends-tu Le vol noir des corbeaux Sur nos plaines. Ami, entends tu Ces cris sourds du Pays Qu’on enchaîne Ohé ! Partisans, Ouvriers et Paysans C’est l’alarme. Ce soir, l’ennemi Connaitra le prix du sang Et les larmes.
II
C’est nous qui brisons Les barreaux des prisons Pour nos frères La haine à nos trousses Et la faim qui nous pousse La misère Il y a des pays où les gens au creux des lits Font des rêves Ici, nous, vois-tu Nous on marche et nous on tue Nous on crève. Montez de la mine Descendez des collines Camarades Sortez de la paille Les fusils, la mitraille Les grenades Ohé ! Les tueurs à La balle,au couteau Tuez vite. Ohé ! saboteur, Attention à ton fardeau Dynamite.
IV
Ici ,chacun sait Ce qu’il veut, ce qu’il fait Quand il passe. Ami, si tu tombes Un ami sort de l’ombre A ta place. Demain du sang noir Sèchera au grand soleil Sur les routes. Chantez compagnons Dans la nuit, la Liberté Nous écoute